par Franck d’Almeida – (Zolty) 18/06/2012
L’évasion d’une quinzaine de Juifs Résistants à Morcourt (Aisne), racontée par Madame Jacqueline Mesnil-Amar (parente de la famille du Capitaine Alfred Dreyfus).
Le 20ème siècle et ses horreurs a été largement décrit, cependant il faut signaler l’évasion réussie d’une quinzaine de Juifs Résistants à Morcourt (Aisne) le 21 août 1944.

JACQUELINE MESNIL-AMAR 1909 – 1987
Madame Jacqueline Mesnil-Amar raconte leurs épopées dans son livre «Ceux qui ne dormaient pas» préfacé par Monsieur Pierre Assouline en évoquant son époux : André Amar. Aussi, il est à noter la présence du Rabbin Samuel René Kapel dans ce convoi qui deviendra Ambassadeur d’Israel au Guatemala (Source : Le Mémorial de la Déportation des Juifs de France de Monsieur Serge Klarsfeld).

C’est précisément dans le village de Morcourt que le Capitaine Alfred Dreyfus et sa belle-mère : Louise Hadamard ont apporté leurs contribution à la reconstruction du village de Morcourt (Aisne) en 1919 (Source : Alfred Dreyfus – Officier en 1914-18 par Georges Joumas Docteur en Histoire Contemporaine). La belle-sœur de Madame Jacqueline Mesnil – Amar ( Suzie Amar) est arrêtée pour faits de résistance et emprisonnée à Turin en 1943. Suzie Amar, épouse d’Emmanuel Amar, née Suzanne Reinach est la petite-fille de Mathieu Dreyfus (frère du Capitaine Dreyfus). Suzie Amar sera une rescapée de la Shoah contrairement à son époux : Emmanuel Amar (frère cadet d’André Amar qui a été arrêté à Lyon au cours d’une rafle en janvier 1944, interné à Drancy, puis déporté en février 1944 dans un camp de Haute Silésie, où il est mort en avril 1944. Mathieu Dreyfus était marié avec Suzanne Marguerite Schwob (fille de l’industriel Schwob d’Hércourt). Ce n’est seulement qu’en 1998 que la famille Schwob d’Héricourt va récupérer un tableau spolié « Deux femmes nues » de Léonard Foujita (peintre français d’origine japonais reposant à Reims).
Madame Jacqueline Mesnil – Amar (1909 – 1987) appartenait à une vieille famille juive assimilée, c’est avec la persécution qu’elle découvre son judaïsme. André Amar, le mari de Jacqueline Mesnil-Amar, normalien et philosophe était le fils du banquier salonicien Saül Amar. André Amar s’était engagé dans l’Organisation Juive de Combat (OJC), dont il était le chef de la section parisienne. Jacqueline Mesnil–Amar revoit les petites filles de jadis, des petites filles Kahn, Weil, ou Dreyfus (du milieu des Israélites des finances ou de la Bourse du XVI éme Arrondissement), ces petites des beaux quartiers qui pensaient y être depuis toujours… malgré des amitiés puissantes, Marcel Bloch, le constructeur d’avions (cousin éloigné de la mère de Jacqueline Mesnil-Amar) sera déporté.

Une quinzaine d’entre eux (Convoi n°79 en date du 17 août 1944), ayant pu scier les barreaux de la lucarne, avaient sauté du train à Morcourt (Village proche de Saint-Quentin en Picardie) et s’étaient échappés entre minuit et une heure du matin, sous la pluie. A partir du 21 août 1944, par petits groupes, sans argents et sans papiers, ils ont miraculeusement à pieds débarqué dans Paris, au matin de sa liberté : Ils étaient libres et vivants.